Chez Hans HARTUNG et Anna-Eva BERGMAN (ou le contraire)

Antibes, … la Fondation Hartung – Bergman, la maison du couple d’artistes, quelques unes de leurs œuvres, et l’Atelier de Hans Hartung, encore débordant de son énergie.

Hartung (1904 – 1989) nait en Allemagne, opposant au nazisme il s’exile en France, puis s’engage (deux fois) dans la légion étrangère, participe aux combats comme brancardier, blessé il sera amputé d’une jambe. Marié (deux fois) avec Anna-Eva Bergman (norvégienne, 1909 – 1987), ils dessineront les plans de leur maison – atelier construite dans un champ d’oliviers à Antibes : une merveille ! (mais une partie était en travaux….).

On peut y voir quelques œuvres, peu, ce n’est pas un musée, mais assez pour retrouver le plaisir d’entrer dans des univers d’artistes différents.

Bergman

et Hartung

Et l’atelier de Hartung, un condensé d’énergie.

Il avait ses propres outils pour peindre, les faisait faire, les faisait à sa main, parmi lesquels des branches d’oliviers.

Deux articles antérieurs : L’un sur une exposition d’œuvres de Anna-Eva Bergman (à Caen) l’autre à Paris, des œuvres de Hans Hartung (en bas de page)

Sean Scully dans Saint Nicolas Caen

Une exposition impressionnante dans Saint Nicolas, superbe monument roman, église déconsacrée qui accueille des expositions et des activités artistiques. Des œuvres de Sean Scully

J’avais vu une exposition de Sean Cully à Grenade il y a un certain temps maintenant, j’avais écrit sur ce blog : « Le petit texte explicatif de l’exposition et du travail de Sean Scully soulignait le lien entre les formes dominantes de l’architecture du palais nasride et les rectangles colorés de Scully., Mais il insistait aussi sur le fait que l’architecture arabe  reposait sur trois grands principes : la géométrie, le rythme, et la lumière. Mais c’est peut-être vrai de toutes les architectures…. après tout nos églises, romanes ou gothiques, nos cloîtres, …. n’ont pas d’autres éléments pour les structurer quand il s’agit de regards. » ici il évoque la couleur de la pierre et l’aspect massif de l’église, j’ai trouvé que l’exposition – installation mettait bien en valeur la géométrie, le rythme et la lumière de l’architecture romane mais aussi la tension entre les couches horizontales de pierres et la verticalité des piliers, de l’ensemble de l’église.

Site Jacquard – une journée de Graphs

Le 25 mais, à peu de chose près un mois avant la fermeture du site pour destruction et construction d’un nouvel ensemble d’immeubles, une journée consacrée au graph et à la musique (notamment un beau concert de musique Touareg. Une quinzaine de grapheurs se sont retrouvés et ont passé une journée à élaborer leurs œuvres, souvent superbes. Quelques images.

Ateliers d’artistes (sur le site Jacquard – Caen Chemin-vert)

Exposition en extérieur à la suite d’un travail avec des associations installées sur le site Jacquard, au cœur du quartier du Chemin-Vert à Caen (Le Labo des Arts et la Centrifugeuz) en partenariat avec le Pôle de vie Nord-Ouest. Le site Jacquard est un ancien collège fermé en 2013 et occupé depuis, avec l’accord de la mairie de Caen, par ces deux associations qui en ont fait un lieu d’activités solidaires et de création (résidences d’artistes à l’année, résidences temporaires) particulièrement actif. Les artistes peuvent être des artistes du spectacle vivant, des plasticiens, la diversité des disciplines représentées est importante. Un travail qui se veut un aperçu sur la « Seconde vie du Site Jacquard ». Ces temps de prises de vue ont été des moments riches en échanges, un grand merci aux artistes et aux personnes qui ont accepté de jouer le jeu.

Quelques photos d’ateliers d’artistes.

Depuis le 1er juillet 2024 le site Jacquard est fermé, les artistes du Labo des Arts poursuivent leurs activités en fonction des possibilités qu’ils ont pu découvrir ou se créer, la Centrifugeuz poursuit ses activités au sein du « CADRAN » (Maison des associations du Chemin-Vert).

Intérieur (Musique – images – lecture et danse)

Des musiciens de l’Orchestre Régional de Normandie et Taya Skorokhodova dans des répétitions de « Intérieur » spectacle qui articule quatre modalités d’expression artistique (Musique, texte, danse et peinture) à partir de l’œuvre du peintre danois Vilhelm Hammershøi. Dans les locaux de la Rennaissance à Mondeville et de la Bibliothèque A. de Tocqueville à Caen.

Sur des textes de Philippe Delerm, Benjamin Lazar, regard artistique, Julie Brochier, costumes, Taya Skorokhodova, mise en scène et interprétation, Alain Hervé, hautbois, Agnès Vesterman, violoncelle, Karinn Helbert, cristal baschet

Moments intimistes, émouvants, du spectacle en préparation, et le plaisir d’assister à un travail de création d’artistes de talent.

Anna-Eva Bergman – Passages

Fjord-1968

En même temps que l’exposition Hartung à Paris, le Musée des Beaux Arts de Caen proposait une exposition d’œuvres de Anna-Eva Bergman, son épouse dans le cadre du festival « Les Boréales ». Même si les dimensions n’ont rien de comparables (il y avait 300 œuvres à Paris) l’exposition Anna-Eva Bergman n’était pas moins intéressante, non pas en tant que « expositions d’œuvres de l’épouse de… » mais parce que les œuvres exposées étaient passionnantes. Un regard puissant sur le grand nord, une certaine forme d’abstraction figurative.

Et puis il y a la « Barque noire », qui apparaît comme un condensé de barque, dans une exposition sous le signe des « Passages », un archétype de barque. Qui sont les passagers : Dante et Virgile ? entre deux lieux, qu’emportent-ils ? Espoirs, objets, souvenirs personnels, familiaux ? Migrants en danger ? La vie de Hartung et Bergman bousculée par l’histoire sous le signe du voyage et des changements de nationalité….

Ou bien la barque du nocher ?

Entre les deux montagnes

Monet – Greco – Hartung

Visite à Paris, le temps d’un aller-retour, arrivé le matin reparti le soir. Une sorte de pèlerinage artistique à trois des quatre peintres de mon Panthéon personnel : Goya, Monet, Hartung et un peu à part Greco. Je désespérais de voir un jour une grande exposition consacrée à Greco, et aussi à Hartung, et voilà que simultanément le Grand Palais présente Greco et Le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris Hartung !

Mon train est avancé, ou je suis déplacé sur un autre que celui de la réservation et j’arrive plus tôt que prévu, je flane en allant vers la Seine, je passe devant le jardin des Tuileries, je fais un détour vers l’Orangerie, les Nymphéas, une de mes premières émotions artistiques, toujours renouvelée, s’immerger dans la peinture, s’absorber dans les vibrations de l’eau, de la lumière, des reflets….

Puis Greco, derrière les « bondieuseries » : la peinture. Difficile de dire plus, un élan, une présence, des émotions, une peinture à nulle autre pareille, une palette reconnaissable entre toutes, une geste, un mouvement que l’on ne retrouvera que dans les peintres de la fin du XIXème ou du XXème Cézanne, Picasso par exemple (les Baigneurs, Les demoiselles d’Avignon). Greco dans toute sa splendeur, dans toute la variété de sa penture, portraitiste exceptionnel, maître de la lumière… Il manque un tableau, mais sans doute fut-il impossible de le faire venir, la vue de Tolède qui est au Metropolitan de New York, paysage sans égal dans l’histoire de la peinture me semble-t-il. Mais Greco en a placé un petit aperçu, « sous les pieds d’un cheval » !

Pour la vue de Tolède, c’est ici

Et puis Hartung ! Vraiment un autre peintre exceptionnel, original, l’un des premiers peintres de l’abstraction pure, ou de la peinture pure, l’émotion par la peinture seule, et de quelle façon ! Moins de monde, plus de place pour regarder, s’absorber dans la peinture pure, la lumière, l’ombre, les couleurs, l’épaisseur égratignée, scarifiée, des couches de peinture pulvérisée, vaporisée…. Une exposition qui met en évidence un travail de recherche dont on aurait pu (dont on a pu) penser à certains moments qu’il conduisait à une impasse, et qui aboutit à des toiles « éblouissantes »,  « bouleversantes ». Hartung dont un document du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris rappelle qu’il était particulièrement connaisseur de Goya et Greco (mais pas que bien sûr).

Des lustres et des vitraux (avec [un peu de] lumière).

En liaison avec un travail d’Objectif image 14 sur Caen, visite d’une chapelle, pas tout à fait n’importe laquelle, l’ancienne chapelle de l’ancien Bon Sauveur (on peut écouter Gloria, Patti Smith, en guise d’ail premier album, photo de Mapplethorpe !).

Exercice de style : petit jeu sur les interactions de la lumière, des lustres et des vitraux.

Voile et Forêt d’Encre

Installation de Darius dans l’église Saint Nicolas à Caen, magnifique église romane désacralisée et ouverte aux artistes pour des temps de travail et d’exposition. Travail de calligraphie, de peinture, ancré dans une tradition japonaise (Sumi). Scotché devant le travail j’ai passé un bon moment à contempler, échanger avec Darius, photographier (dans la « forêt » des bandes de fibre de verre suspendues dans le chœur, ou la bande de 50 mètres recouverte de 8 séries de « caractères ». En fin de journée, pour la fin de l’installation deux musiciens (alto et flute) ont donné un concert, cachés dans la forêt : magie de la musique, impros à base de jazz et de classique.

L’encre sur la fibre de verre s’associe avec la lumière, dans la transparence, rêve de photographe : la lumière écrit dans la matière et propose des jeux de formes (lignes et surfaces, aplats et reliefs, ombres et transparences) à partir du travail d’un artiste. On voudrait être plus habile dans le rendu des nuances et des contrastes.

Magie de l’alliance des arts: L’architecture, la peinture et la calligraphie, la musique.